Matomo est il une alternative crédible a google analytics pour suivre vos audiences en toute conformité

Matomo est il une alternative crédible a google analytics pour suivre vos audiences en toute conformité

Depuis l’annonce de la fin de Universal Analytics, beaucoup d’entreprises ont profité du chantier de migration vers GA4 pour se poser une vraie question : et si c’était le moment de changer complètement d’outil ? Dans ce contexte, un nom revient systématiquement : Matomo.

Solution open source, hébergeable sur vos propres serveurs, respectueuse de la vie privée… Matomo coche beaucoup de cases sur le papier. Mais est-ce réellement une alternative crédible à Google Analytics pour suivre vos audiences en toute conformité ? Et surtout, est-ce un bon choix pour une PME ou une startup qui n’a pas une équipe data dédiée ?

C’est ce que nous allons explorer ensemble.

Pourquoi Google Analytics est (devenu) un sujet sensible

Pendant des années, Google Analytics était le choix par défaut. Gratuit, puissant, ultra documenté… difficile de lui résister. Mais le contexte a changé, principalement pour trois raisons :

  • Le RGPD et la pression croissante sur la protection des données
  • Les décisions des autorités européennes sur le transfert de données vers les États-Unis
  • Le tournant GA4, plus complexe et orienté événement
  • Plusieurs autorités de protection des données (Autriche, France, Italie, Danemark…) ont considéré certaines implémentations de Google Analytics comme non conformes, à cause des transferts de données vers des serveurs américains. Résultat : de plus en plus d’entreprises cherchent une solution qui limite les risques juridiques tout en gardant un bon niveau d’insights marketing.

    C’est là que Matomo entre en scène.

    Matomo en deux mots : ce que l’outil propose vraiment

    Matomo (anciennement Piwik) est une solution d’analytics web :

  • Open source (code auditable et modifiable)
  • Orientée respect de la vie privée
  • Disponible en deux versions : On-Premise (sur vos serveurs) ou Cloud (hébergée par Matomo)
  • Concrètement, Matomo vous permet de :

  • Suivre vos visites, pages vues, sources de trafic, conversions, campagnes marketing
  • Analyser vos parcours, entonnoirs de conversion, événements, téléchargements, clics
  • Créer des tableaux de bord, segments, rapports personnalisés
  • Faire de l’analyse e-commerce, du suivi multi-domaines, du tracking d’objectifs
  • À ce niveau, oui : Matomo est une vraie alternative fonctionnelle à Google Analytics, pas un gadget pour puristes du RGPD. Mais la question clé reste : qu’apporte-t-il de plus (ou de différent) en matière de conformité ?

    Comptabilité RGPD : l’argument phare de Matomo

    Matomo a clairement construit son positionnement sur la promesse de conformité et de respect des données des utilisateurs. Ce n’est pas seulement du marketing, l’architecture même de l’outil va dans ce sens.

    Quelques points concrets :

  • Hébergement en UE ou sur vos propres serveurs : vous pouvez installer Matomo On-Premise sur votre infrastructure ou choisir l’hébergement Matomo Cloud en Europe. Cela limite radicalement la question des transferts de données vers les États-Unis.
  • Anonymisation avancée des IP : Matomo permet de tronquer plusieurs octets des adresses IP, réduisant leur caractère personnel tout en conservant des données géographiques globales.
  • Possibilité de fonctionner sans cookies : vous pouvez activer un mode de suivi sans cookies (avec un paramétrage adapté), ce qui, dans certains cas, permet de se passer de consentement pour la mesure d’audience strictement nécessaire (à vérifier avec votre DPO ou votre juriste, bien sûr).
  • Propriété totale des données : les données vous appartiennent, elles ne sont ni revendues ni croisées avec d’autres services publicitaires.
  • Sur le plan RGPD, Matomo donne donc clairement plus de leviers de contrôle que Google Analytics, surtout si vous optez pour un hébergement en France ou au sein de l’UE.

    Pour beaucoup de PME et d’organisations publiques, c’est le déclencheur du changement d’outil : réduire le risque de mise en demeure, rassurer les utilisateurs et simplifier le discours de transparence dans la politique de cookies.

    Fonctionnalités : Matomo tient-il la comparaison avec Google Analytics ?

    Passons aux choses sérieuses : peut-on, avec Matomo, piloter un site ou un e-commerce avec le même niveau de finesse qu’avec Google Analytics ? La réponse est souvent oui… mais avec quelques nuances.

    Ce que Matomo fait très bien :

  • Rapports classiques d’audience : nombre de visites, pages vues, temps passé, taux de rebond (ou d’engagement), nouveaux vs récurrents… Vous retrouverez vos repères.
  • Analyse des sources de trafic : campagnes UTM, SEO, SEA, réseaux sociaux, emailing… Matomo gère les principaux canaux comme GA.
  • Objectifs et conversions : formulaires remplis, clics sur des CTA, téléchargements, transactions… la logique d’objectifs est assez proche.
  • Entonnoirs et parcours : vous pouvez reconstituer des funnels, analyser les étapes de conversion et identifier les points de friction.
  • Site search : comme GA, Matomo permet de suivre les recherches internes sur votre site.
  • Segments : segmentation par source, device, comportement, etc. pour affiner vos analyses.
  • Ce qui demande un peu plus de travail qu’avec Google Analytics :

  • Interface moins “polie” : Matomo est très complet, mais l’ergonomie n’a pas le niveau de finesse et de fluidité de GA4. On est plus proche d’un outil “pro” que d’un SaaS ultra designé.
  • Reporting automatisé limité en natif : vous avez des rapports programmés, mais l’écosystème d’outils tiers, connecteurs et templates est beaucoup plus réduit que pour GA.
  • Moins d’IA et de prédictif : pas (encore) de fonctionnalités aussi poussées que l’analyse prédictive ou les insights automatisés de Google.
  • Et pour l’e-commerce ?

    Matomo propose un module e-commerce capable de :

  • Suivre les commandes, revenus, taux de conversion
  • Analyser les produits vus, ajoutés au panier, abandonnés
  • Suivre les performances par canal marketing
  • C’est largement suffisant pour piloter un site e-commerce de manière opérationnelle. Les intégrations avec WooCommerce, PrestaShop, Magento ou Shopify existent, même si elles ne sont pas toujours aussi clé en main qu’un module GA intégré par défaut.

    Matomo et la publicité : le vrai changement de paradigme

    C’est souvent là que la comparaison pique un peu pour les adeptes du duo Google Analytics + Google Ads. Matomo n’est pas un outil appartenant à un géant de la publicité. Et, très franchement, c’est à la fois son plus grand atout et sa plus grande limite.

    Ce que vous perdez en quittant Google Analytics :

  • Une intégration ultra serrée avec Google Ads (import des conversions, audiences remarketing, etc.)
  • L’écosystème “Google Marketing Platform” (Display & Video 360, Search Ads 360, etc.)
  • Des fonctions avancées de modélisation de conversion et d’attribution data-driven
  • Avec Matomo, vous pouvez tout à fait :

  • Suivre les conversions issues de Google Ads via les UTM et le suivi des objectifs
  • Analyser la rentabilité de vos campagnes par canal
  • Construire des rapports d’acquisition multi-sources
  • En revanche, vous ne bénéficierez pas de la même synchronisation automatique pour :

  • Le remarketing basé sur les audiences Analytics
  • L’optimisation d’enchères pilotée par des signaux GA
  • Pour certains annonceurs, ce n’est pas dramatique : leurs campagnes restent relativement simples, ou leur priorité est de sortir de l’écosystème Google pour des raisons de conformité ou de stratégie. Pour d’autres, très dépendants des automatisations Google Ads basées sur la data GA, le changement demandera plus d’ajustements.

    Hébergement, coûts et ressources : ce que Matomo implique concrètement

    Passer à Matomo, ce n’est pas seulement changer de bandeau de cookies. C’est aussi un choix d’architecture et d’organisation.

    Deux modèles possibles :

  • Matomo On-Premise (gratuit en licence, mais hébergé par vous)
  • Matomo Cloud (hébergé par Matomo, abonnement mensuel)
  • On-Premise convient bien si :

  • Vous avez une équipe technique ou un prestataire capable de gérer un serveur
  • Vous voulez un contrôle total sur les données (et parfois sur la localisation exacte des serveurs)
  • Vous êtes prêts à gérer les mises à jour, la sécurité, la montée en charge
  • Cloud est souvent mieux adapté pour :

  • Les PME qui ne veulent pas se transformer en administrateurs systèmes
  • Les équipes marketing qui cherchent un service “clé en main”
  • Les structures qui veulent une facturation prévisible et un support officiel
  • Côté coût, le discours “Matomo est gratuit” est vrai uniquement pour la version On-Premise, en oubliant :

  • Le coût du serveur (ou de l’infrastructure cloud type OVH, Scaleway, etc.)
  • Le temps passé par vos équipes ou votre prestataire
  • Éventuellement, le coût de plugins premium si vous en avez besoin
  • Pour Matomo Cloud, le coût est en général raisonnable pour une PME, surtout si vous le mettez en perspective avec :

  • Le temps passé à gérer la conformité avec GA (bandeaux, audits, DPO, juristes…)
  • Le risque financier et réputationnel d’un non-respect du RGPD
  • Mise en place : la migration depuis Google Analytics en pratique

    Se lancer sur Matomo ne veut pas dire repartir de zéro. Vous pouvez, dans certains cas, importer vos données Google Analytics historiques via des connecteurs prévus à cet effet (dans la limite de ce que l’API de Google permet).

    De manière générale, un projet de migration peut suivre ces grandes étapes :

  • Audit de votre tracking actuel : quels objectifs, événements, conversions, entonnoirs utilisez-vous réellement ? Spoiler : souvent beaucoup moins que ce qui a été tagué.
  • Définition de votre plan de marquage Matomo : l’occasion de faire du ménage, de prioriser et de clarifier vos KPIs.
  • Implémentation du nouveau tag : via Matomo Tag Manager, Google Tag Manager ou un autre gestionnaire de tags.
  • Période de double tracking : pendant quelques semaines, vous faites tourner GA et Matomo en parallèle pour comparer les données et ajuster les écarts.
  • Formation des équipes : un minimum de montée en compétences est nécessaire pour que l’outil soit réellement utilisé.
  • D’expérience, les entreprises qui réussissent leur transition sont celles qui profitent de ce changement pour simplifier leur tracking plutôt que de vouloir répliquer tous les événements existants à l’identique.

    Quelles limites et pour quels profils Matomo est moins adapté ?

    Aucun outil n’est parfait, pas même Matomo. Il est important de voir aussi ses limites pour éviter les désillusions.

    Matomo sera parfois moins adapté si :

  • Vous dépendez fortement des fonctionnalités avancées de Google Ads et de l’écosystème Google Marketing Platform
  • Vous avez besoin de capacités d’analyse prédictive très poussées ou d’un écosystème de connecteurs ultra riche
  • Vous n’avez ni ressource technique, ni prestataire, ni budget pour la version Cloud
  • Votre culture data repose fortement sur les habitudes GA et que vous n’êtes pas prêts à en changer
  • Pour certaines startups très orientées acquisition payante, la question n’est donc pas seulement “Matomo ou GA ?” mais “Comment structurer un stack data cohérent avec nos enjeux de croissance ?” Matomo peut en faire partie, mais il ne remplacera pas tout.

    Matomo est-il une alternative crédible à Google Analytics ?

    Si l’on revient à la question de départ, la réponse est plutôt claire :

    Oui, Matomo est une alternative crédible à Google Analytics pour suivre vos audiences en toute conformité, à condition d’être lucide sur trois points :

  • Vous n’achetez pas seulement un outil, vous faites un choix de souveraineté et de gouvernance des données.
  • Il vous faudra investir un minimum dans la mise en place, la configuration et la formation.
  • Vous gagnerez en maîtrise juridique et éthique ce que vous perdrez peut-être en intégrations “magiques” avec l’écosystème Google.
  • Pour une PME, une collectivité, une organisation publique ou une startup soucieuse de limiter ses risques RGPD dès le départ, Matomo est souvent un excellent choix. Pour des acteurs très dépendants de Google Ads et des automatismes de la plateforme, la réflexion sera plus nuancée… mais elle mérite d’être menée, surtout dans un contexte où la confiance numérique devient un véritable avantage concurrentiel.

    En résumé, si vous souhaitez :

  • Reprendre le contrôle sur vos données
  • Réduire vos risques de non-conformité
  • Continuer à piloter efficacement votre acquisition et vos conversions
  • Alors oui, il vaut vraiment la peine de prendre le temps d’évaluer Matomo, de tester la solution sur un périmètre limité, et de voir comment elle s’intègre à votre stack marketing existante. Votre DPO vous dira merci… et vos utilisateurs aussi.