Pourquoi comparer Matomo et Piano Analytics ?
Depuis que Google Analytics a commencé à faire grincer des dents côté respect de la vie privée, de plus en plus d’entreprises cherchent des alternatives. Si vous êtes responsable marketing, entrepreneur ou simplement soucieux de la souveraineté de vos données, deux noms reviennent souvent : Matomo et Piano Analytics. Mais que valent-ils vraiment ? Et surtout, lequel est le plus adapté à vos besoins ? Spoiler : il n’y a pas de réponse unique, mais il y a des différences clés à connaître.
Dans cet article, on fait le point, sans jargon inutile et avec des exemples concrets à la clé.
Panorama rapide : que sont Matomo et Piano Analytics ?
Matomo (anciennement Piwik) est une solution d’analytics open source, utilisée par plus de 1,4 million de sites dans le monde. Son grand atout ? Le respect de la vie privée, la possibilité d’héberger les données soi-même, et une interface accessible même aux non-techs.
Piano Analytics est la solution développée par AT Internet, renommée en 2021 après son rachat par le groupe Piano. Elle cible clairement les entreprises et grands comptes avec des besoins poussés en data. C’est une solution robuste, orientée performance et personnalisation des KPIs.
À première vue, les deux font « de l’analytics ». Mais dans les faits, ils ne jouent pas tout à fait dans la même cour.
Approche technique et propriété des données
Commençons par le cœur du sujet : vos données, à qui appartiennent-elles et où sont-elles stockées ?
- Matomo peut être hébergé sur vos propres serveurs ou en cloud. Si vous choisissez l’option on-premise, vous restez maître à 100 % de vos données. Aucune fuite possible vers des services tiers.
- Piano Analytics propose une solution cloud, mais en conformité stricte avec le RGPD. Les données sont stockées en Europe, et Piano met en avant sa certification ISO 27001 et sa conformité à l’ePrivacy.
Donc si votre entreprise a une exigence de souveraineté ou travaille dans un secteur sensible (santé, éducation, service public), Matomo peut offrir une position plus rassurante. Mais Piano n’est pas à la traîne sur la conformité non plus, loin de là.
Interface utilisateur et expérience d’analyse
Côté ergonomie, les deux solutions n’ont pas la même philosophie.
Matomo reprend les codes de Google Analytics Universal, ce qui facilite la prise en main pour ceux qui migrent. Les dashboards sont simples, personnalisables, et les rapports classiques (acquisition, comportement, conversions) sont bien couverts. Pour une PME sans data scientist, c’est largement suffisant.
Piano Analytics, en revanche, vise un niveau d’analyse beaucoup plus élevé. Sa puissance réside dans la personnalisation : chaque interaction avec votre site ou produit peut être traquée, catégorisée, et segmentée en fonction de vos KPIs métiers. Il faut une formation pour le prendre en main (ou faire appel à une agence), mais les possibilités sont presque infinies.
À noter : Piano permet une vraie centralisation des sources (pubs, CRM, contenu…), ce qui en fait un outil taillé pour les équipes marketing, produit, et data. Matomo est moins flexible sur ce plan, sauf à passer du temps en configuration avancée ou en développeur embarqué.
Fonctionnalités clés : quelles différences ?
Voici un aperçu des fonctionnalités qui peuvent faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, en fonction de vos priorités :
- Suivi sans cookies : Natif chez Matomo, ce qui est un grand plus en contexte post-RGPD. Piano le propose aussi, mais avec des limitations fonctionnelles.
- Heatmaps et enregistrements de sessions : Fonction intégrée chez Matomo. Idéal pour les tests UX sans ajouter d’outils comme Hotjar.
- Analyse multi-canal : Avantage à Piano, qui permet une vue très complète de l’écosystème digital : web, mobile, app, email, sociale, etc.
- Tableaux de bord collaboratifs : Plus poussés chez Piano. Partage de data entre équipes, construction de KPIs sur mesure, et filtres dynamiques.
- Connexion CRM et exports API : Plus riche chez Piano. Matomo dispose d’une API, mais elle est moins performante pour des pipelines complexes.
Cas d’usage concrets : à qui s’adresse chaque outil ?
Pour mieux comprendre, prenons deux cas réels que j’ai accompagnés côté stratégie marketing.
Cas 1 : Startup SaaS de 15 personnes
Cette startup voulait comprendre comment les utilisateurs interagissaient avec leur app web. Objectif : optimiser l’onboarding et faire grimper le taux de conversion. N’ayant pas de DPO ou de ressources dédiées en data, ils ont opté pour Matomo on-premise. En un week-end, l’outil était en place, les premières campagnes d’A/B testing prêtes, et les rapports accessibles à toute l’équipe.
Cas 2 : Média digital avec 2M de visiteurs/mois
Ici, l’objectif était de connecter les données d’audience, de contenu, et de CRM pour affiner les parcours personnalisés. L’équipe marketing avait déjà une culture data avancée. On a recommandé Piano Analytics. Résultat : segmentation hyper-fine, dashboards adaptés par typologie d’utilisateur, et intégration complète avec Salesforce. Oui, l’implémentation a pris un mois, mais les insights business étaient à la hauteur.
Comme vous pouvez le voir, ce n’est pas qu’une histoire de budget ou de taille mais de stratégie digitale.
Prix et flexibilité budgétaire
Sur la question du prix, les modèles divergent fortement.
- Matomo : l’option on-premise est gratuite (open-source), mais vous devez l’héberger (et le maintenir) vous-même. Pour la version cloud, les abonnements débutent autour de 19€/mois pour les petits sites, ce qui reste raisonnable.
- Piano Analytics : fonctionne selon un modèle sur devis. Le coût peut vite grimper mais c’est normal étant donné la puissance du produit, le support dédié et les garanties SLA offertes. Comptez plusieurs milliers d’euros par an pour une entreprise moyenne.
En clair ? Matomo correspond bien aux budgets serrés, aux projets agiles ou à ceux qui veulent une indépendance technique. Piano demande un investissement, mais peut générer un ROI impressionnant si vous exploitez toute sa data.
Et côté conformité RGPD ?
Les deux éditeurs prennent le sujet au sérieux, mais chacun à sa manière :
- Matomo est souvent cité comme « RGPD-friendly » par nature. Avec l’hébergement local, l’anonymisation IP, et la possibilité de ne pas utiliser de cookies du tout, vous pouvez même éviter le fameux bandeau d’acceptation des cookies. (Oui, c’est légal.)
- Piano Analytics nécessite plus de paramétrages pour se plier aux exigences du RGPD. Mais leur approche est documentée, et pensée pour les DPOs. Ils ont même une option de transfert de consentement entre domaines.
Donc ici encore : Matomo pour la simplicité RGPD, Piano pour la conformité intégrée à vos process SI existants.
Quel outil pour quelle stratégie numérique ?
Si vous devez retenir une chose : tout dépend de votre maturité digitale et de vos priorités business.
- Vous cherchez une solution simple, éthique, rapide à installer ? Matomo coche toutes les cases.
- Vous avez une équipe data, une stratégie omnicanale, besoin d’analyses poussées ? Piano Analytics est votre allié.
Ce n’est pas qu’une question d’outil, mais de vision. Et c’est là que le choix devient stratégique : quelle place donnez-vous à la donnée dans votre pilotage d’activité ?
Peut-être qu’un jour Matomo ne vous suffira plus. Ou que Piano Analytics vous semblera trop lourd aujourd’hui. Ce qui compte, c’est d’avancer étape par étape, avec un outil aligné sur vos usages réels… plutôt que de céder à l’effet de mode.
Et si vous hésitez, pourquoi ne pas faire un test A/B… de vos outils d’analytics ? (Oui, c’est possible, et c’est même très instructif.)
Le plus important, c’est d’avoir les bonnes données, au bon moment, pour prendre de meilleures décisions. Le reste ? C’est juste de la technique.